mardi 14 août 2007

Livre - Russian disco (2002), by Wladimir Kaminer

Le sous-titre de ce livre donne une bonne idée de son contenu:
"Tales of everyday lunacy on the streets of Berlin"

Si vous connaissez bien Berlin, vous ne vous sentirez pas dépaysé et la ballade n'en sera que plus savoureuse, mais si c'est le cas, vous devez forcément connaître Wladimir Kaminer et ses fameuses Russian Disco.
Pour les autres, bouclez votre ceinture et attendez vous à ne plus lâcher ce livre, avec en prime, l'insigne honneur d'ennuyer toute personne assise à côté de vous, à rire trop fort et à vouloir absolument leurs lire un passage irrésistible!

Mais tout d'abord qui est Wladimir Kaminer?
En 1990, ce jeune russo-juif décide avec un ami de prendre un avion pour Berlin à la recherche du bonheur... et de l'allemand qu'il ne parle pas encore.
Ce qu'il découvre alors, embué de son regard d'étranger, est le contenu même de ce livre où la fiction se mêle au réel sans qu'il soit possible, ni même souhaitable d'en dresser la frontière.

Toutes les histoires, de l'allemand apprenant le russe au moyen d'une émission pour enfant et appelant de ce fait tout le monde "mon petit ami", à sa femme à l'examen du permis de conduire, en passant par tous les problèmes rencontrés pour s'intégrer dans un pays qu'il ne connait pas, sont hilarantes! Le seul mal que ce livre va vous faire, sera aux zygomatiques.

lundi 13 août 2007

Film - Annie Hall (1977), by Woody Allen

"- Doc, my brother's crazy, he thinks he's a chicken!
- Why wouldn't you turn him in?
- I would... but I need the eggs!
- I guess that's pretty much now how I feel about relationships. they are totally irrational and crazy and absurd but I guess we keep going through it because most of us need the eggs..."

--- Woody Allen - Annie Hall

Annie Hall dépeint la genèse et la mort d'une histoire d'amour entre Alvy Singer (Woody Allen) névrotique à souhait, et Annie Hall (Diane Keaton) charmante dans son rôle de femme passant de l'introversion à l'extraversion et perdant Alvy dans le processus.

Ce film est excellent car il contient tout les ingrédients des grandes comédies de Woody Allen, il est ponctué de nombreuses répliques humoristiques ou acerbes, l'art et la maîtrise qu'il déploit pour donner vie à des personnages névrosés, pessimistes, paranoïaques et malgré tout attachants prend toute sa dimension ici.
Mais il va même plus loin, en mettant ces ingrédients au service d'une réflexion sur l'amour dans le couple, comment il évolue et comment une histoire peut se déliter.

En fin de compte, la comédie prend des saveurs de fable initiatique et c'est avec plaisir qu'on se laisse conter ce qui reste malgré toutes les déconvenues, une belle histoire.

Musique - That horse must be starving (2002), by Avril

Avril signe ici un album finement ouvragé. D'un abord simple mais pas simpliste, les premières chansons, mélangent savamment les accents pop et électro pour offrir un véritable tableau pointilliste. Chaque réécoute est une nouvelle écoute à part entière, tant les arrangements se découvrent progressivement.

Cet album est tour à tour planant, entraînant, mélancolique... il y en a pour tous les goûts. Même l'humour noir a su trouver sa place dans cette incroyable fable amoureuse entre une femme et son homme tueur à gage:

"Well don't even think of it
You know what I would do
You would get what's due to you...

(bruits de couteau qu'on aiguise...)
What you deserve like everybody else.
You saw what happened when that German misbehaved.
You might think that I'm depraved.
But I dare to you what others only dream.
Ok, say that again, it really turns me on,
That is how my heart was won,
By you and not by anybody else."

--- Avril, Like everybody else

Un album que vous ne retirerez pas facilement de votre platine!

Livre - Une pièce montée (2006), by Blandine Le Callet

Le mariage, cette grande institution dont le seul nom évoque "robe blanche", "riz", "sourire" et "petits fours", est souvent également synonyme de "convention", "protocole" et "passage obligé", pour les mariés bien sûr, mais également pour les invités.
  • Personnes invitées car "bien obligé"...
  • Personnes invitées qui viennent car "bien obligé"...
  • Personnes qui ne doivent pas se croiser mais invitées tout de même car "bien obligé"...
Le mariage c'est aussi ça: un jeu de dupes entre les convives qui se retrouvent, s'évitent, socialisent et ironisent dans la valse endiablée des événements, des interventions et des plats. Et c'est cela que Blandine Le Callet relate alors que la narration se voit menée tour à tour, par un des acteurs du mariage: demoiselle d'honneur, prêtre, soeur, mari, épouse, grand-mère, ... Chacun offre son expérience du mariage de Bérangère et Vincent, le lecteur se faisant petit à petit une représentation complète depuis leur rencontre jusqu'à la fin de soirée.

Les vignettes qui en découlent sont pleines d'humour (parfois acerbe ou noir) et de mélancolie. Aucun couple n'est parfait malgré l'image que s'en font les autres; des fêlures existent, certaines plus profondes que d'autres.

Le mariage ne se déparre pas de sa superbe comme cela, la preuve tout le monde y songe et beaucoup en rêve encore. Ce livre, par son propos, malmène voire égratigne l'image d'Epinal... Mais peut-être n'est ce là qu'une mise en garde d'une grande soeur qui ne voudrait pas voir les suivants tomber dans les mêmes ornières...

vendredi 10 août 2007

Musique - Así duele un verano (1998), by Migala

Je ne vais pas mentir, j'ai craqué pour cet album à l'écoute de la chanson Gurb Song. Je sais qu'une courte citation est toujours plus parlante qu'une longue, mais ici je ne peux pas faire autrement que mettre la chanson en entier. Parfois, il est bon de prendre son temps, d'offrir un peu d'espace à l'histoire lue, qu'elle puisse se développer correctement et ainsi exprimer tout son charme. D'autre part Gurb Song est probablement LA chanson dépeignant au mieux le titre de l'album: Voilà comment un été blesse...

Pour bien rentrer dans l'atmosphère, il faut s'imaginer ces paroles narrées par une voix espagnole, habillée d'un couple de guitares électro-acoustiques, d'un orgue et d'une légère batterie.
Mais ne vous méprenez pas sur ce commentaire, le reste de l'album est très bon, c'est juste que mes coups de coeur ont tendance à être très exclusifs...

"I wanted someone to enter my life like a bird that comes into a kitchen and starts breaking things and crashes with doors and windows leaving chaos and destruction.
This is why I accepted her kisses as someone who has been given a leaflet at the subway.
I knew, don't ask me why or how, that we were gonna share even our toothpaste.
We got to know each other by caressing each other's scars, avoiding getting too close to know too much.
We wanted happiness to be like a virus that reaches every place in a sick body.
I turned my home into a water bed and her breasts into dark sand castles.
She gave me her metaphors, her bottles of gin and her North Africa stamp collection.
At night we would talk in dreams, back to back and we would always, always, agree.
The sheets were so much like our skin that we stopped going to work.
Love became a strong big man with us, terribly handy, a proper liar, with big eyes and red lips.
She made me feel brand new.
I watch her get fucked up, lose touch, we listened to Nick Drake in her tape recorder and she told me she was a writer.
I read her book in two and a half hours and cried all the way through as watching Bambi.

She told me that when I think she has loved me all she could, she was gonna love me a little bit more.
My ego and her cynicism got on really well and we would say "what would you do in case I died" or "what if I had AIDS?" or "don't you like the Smiths" or "let's shag now".
We left our fingerprints all around my room, breakfast was automatically made, and if it would come to bed in a trolley, no hands.
We did compete to see who would have the best orgasms, the nicer visions, the biggest hangovers.
And if she came pregnant we decided it would be God hand's fault.

The world was our oyster.
Life was life.

But then she had to go back to London, to see her boyfriend and her family and her best friends and her pet called "Gus".
And without her I've been a mess.
I've painted my nails black and got my hair cut.
I open my pictures collection and our past can be limitless and I know the process is to slice each section of my story thinner and thinner until I'm left only with her.
I've felt like shit all the time no matter who I kiss or how charming I try to be with my new birds.
This is the point, isn't it?
New birds that will project me along a wire from the underground into the air, into the world."

mardi 7 août 2007

Film - Hotaru no haka (1988), by Isao Takahata

"21 septembre 1945... ce fut la nuit de ma mort."

Il ne s'agit pas d'un film à proprement parler, mais d'un anime, comme l'image pouvait le laisser entendre.

Hotaru no haka (Le tombeau des lucioles) relate l'histoire de Seita, un garçon de 14 ans et de Setsuko, sa petite soeur de 4 ans, dont les parents sont morts lors d'une offensive américaine pendant la seconde guerre mondiale. Mais il ne s'agit là que du cadre, le thème central est la lutte pour survivre de deux enfants, livrés à eux-même, confrontés à la malnutrition et à l'indifférence générale.

Nous savons, dès la première phrase, que la fin sera tragique, mais à mesure que l'histoire avance, on comprend bien vite que le plus important tient dans l'enchaînement des événements. On se prend à espérer une âme charitable, un Deus ex machina quelconque... Ces enfants sont trop attendrissants, trop débrouillard, trop jeunes, trop... seuls!

Ce film, au dessin léché et à l'animation fluide, est poignant par la justesse des sentiments dépeints et la dureté de son propos. C'est un passage quasi obligé pour comprendre et apprécier toute la poésie de l'animation japonaise qui ne tient pas qu'à des monstres à tentacules et des robots à la conquête de l'univers!

dimanche 5 août 2007

Musique - Spirit of Eden (1997), by Talk Talk

Pour beaucoup, Talk Talk fait partie de ces groupes dont le nom est familier mais dont les chansons le sont moins. Il fut un temps ou c'était vrai pour moi aussi... jusqu'au jour où j'ai "vu la lumière"!

Elle s'appelait The Rainbow et m'est apparue sous les traits de 23 minutes et 11 secondes de pur bonheur acoustique. Les notes de trompette, de guitare et de piano s'égrenaient langoureusement pour former un écrin à la voix de Mark Hollis; une voix fragile, délicate, pleine d'une émotion nue que l'on trouve rarement de façon aussi poignante. La batterie rythmait mes battements de coeur et lorsque l'harmonica saturé prit le contrôle, c'est avec bonheur que je perdis le mien.

Cette danse, ce tango devrais-je dire par la tension des sentiments en jeu, se répéta encore et encore tout au long de la chanson, et une fois terminée je n'eus d'autre choix que de la rejouer, appuyer sur la touche repeat de mon lecteur et m'allonger sur mon lit.
Je passais le reste de mon après-midi ainsi, mi somnolant, mi rêveur, bercé, caressé, ému et remplit d'une énergie contenue tout à la fois.

Cet album de six chansons ne quitta plus mes oreilles pendant les deux mois qui suivirent. Je l'écoutais pour lire, pour m'endormir, pour me réveiller en douceur, pour m'isoler du monde environnant, ... Talk Talk était devenu, en l'espace d'un instant, un de mes groupes fétiches.

Sans fioriture, sans grands arrangements, cet album vise juste. Ou peut-être est-ce tout simplement la magie de Mark Hollis car les mêmes sensations m'ont retrouvé à l'écoute de Laughing stock et de son album solo éponyme.

samedi 4 août 2007

Misc - Volonté de ce blog

La volonté de ce blog est de faire part de mes découvertes en terme de livres, films et albums, et si possible de vous donner envie de m'emboîter le pas. Si vous rebondissez et me proposez en retour vos propres découvertes, c'est encore mieux.
A terme, j'aimerais offrir un panel des choses intéressantes (à mon sens) à piocher dans une année ou une décennie donnée.

Ce que ce blog n'est pas, c'est un point d'entrée pour acheter ces mêmes découvertes, d'autres acteurs le font mieux que moi: amazon.com, fnac.com, virgin.com, votre bouquiniste/cédéthèque/cinémathèque préféré... pour ne citer que les plus évidents. D'autre part, les livres, par exemple, paraissent chez plusieurs éditeurs et je ne veux en privilégier aucun.
C'est pourquoi je ne donne que les titres, les auteurs et les dates de parution, à vous de faire le reste du travail! D'autant que ce qui m'a plu ne sera pas forcément à votre goût. Un petit détour par Google, en quête d'une édition ou d'un ISBN, pourra donc vous permettre d'avoir l'avis d'autres internautes avant de faire une dépense.

Le seul bémol que je peux apporter concerne les jeunes auteurs/artistes qui ne répondraient pas à une recherche simple sur Internet. A ce moment, je m'efforcerai de mettre les informations nécessaires pour que vous puissiez les retrouver au plus vite et leurs apporter votre soutien. Si vous êtes l'un d'eux, n'hésitez pas à me contacter!

Enfin, je considère que l'âme d'un blog tient à ses lecteurs et à leurs commentaires mais il m'est arrivé trop souvent de voir des commentaires intéressants, noyés sous le flot d'autres bien moins pertinents. C'est pourquoi ma démarche est assez simple:
  • s'il s'agit d'une analyse intéressante d'un blogger, je la laisserai.
  • s'il s'agit d'une demande de clarification, je modifierai ma post en conséquence et supprimerai le commentaire (dans une optique de clarification, cela n'est en rien personnel et ne doit pas vous retenir de refaire un commentaire!).
  • s'il s'agit d'un message sans rapport avec la post, je le supprimerai.

vendredi 3 août 2007

Livre - House of leaves (2000), by Mark Z. Danielewski

House of leaves, c'est avant tout une naissance underground. Des chapitres écrits et mis en ligne les uns après les autres sur plusieurs années, et la formation d'une véritable communauté autour d'une oeuvre atypique rentrant de plain-pied dans la catégorie dite littérature ergodique.

Certains livres ont une histoire compliquée, une profusion de personnages, ou de lieux... Rien de tout cela ici, la difficulté est ailleurs. L'action de House of leaves prend place essentiellement dans une maison et seuls trois personnages ont un rôle prépondérant dans l'intrigue: Will Navidson, Zampanò et Johnny Errand.
  • Le premier est un reporter photo filmant l'installation dans sa nouvelle maison, film intitulé le Navidson record
  • le second est l'homme qui écrivit un essai sur le film
  • le dernier est celui qui trouva l'essai et commença à l'étudier
L'originalité du livre tient tout d'abord à sa mise en page: à chaque personnage, une écriture différente, le mot house apparaît systématiquement en bleu (ou en gris pour les éditions noir et blanc), et des notes de bas de page (possédant parfois leurs propres notes de bas de page et ainsi de suite) viennent compléter les informations mises à notre disposition.

Le pas suivant nous amène à considérer qu'une partie de la maison change de taille et de forme, jusqu'à défier les lois même de la logique et de la physique; la maison pouvant être plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur.

Cette facette est alors répercutée sur le texte même du livre, prenant la forme des couloirs que l'on emprunte, des salles que l'on traverse ou des escaliers que l'on gravit, faisant naître chez le lecteur des sentiments de claustrophobie ou d'agoraphobie. Après quelques pa(ge)s, tous ces éléments entremêlés nous font plonger au coeur du livre, de la maison...

Le triptyque offert n'est qu'une mise en abîme de notre état d'esprit à la lecture du livre. D'abord interloqué par les changements de forme de la maison, on désire en faire une visite exhaustive [Will Navidson]. Vient ensuite le moment de doute face à un film qui pourrait tout à fait n'être qu'un montage destiné à offrir le scoop parfait [Zampanò]. La folie fait alors son entrée car Johnny Errand (et nous avec lui) louvoie entre croire en refuser l'impossible et finit par perdre pied.

Son approche déconcertante et ses ressorts stylistiques vous déstabiliseront certainement, vous aimerez ou non, mais une chose est certaine, ce livre ne vous laissera pas insensible!

jeudi 2 août 2007

Livre - The secret history (1992), by Donna Tartt

Avez-vous déjà eu un professeur que vous "vénériez"? Le prof qui pouvait répondre à toutes vos questions, qui inspirait confiance par un simple regard, qui vous traitait en égal tout en imposant le respect? Celui qui se révélait un guide et un défricheur de vos esprits trop étriqués par une pensée unique. Un "Oh Captain, My Captain" prêt à vous faire hurler un "Yawp" tonitruant.

Dans The Secret History, un groupe soudé et fermé de cinq étudiants se retrouvent autour d'un professeur de grec et latin charismatique. Il n'a pas d'autre élève, ils n'ont pas d'autre professeur, réveillant par là même l'intérêt de Richard Papen. Suite à quelques rebondissements, le narrateur réussit à rejoindre cette "élite", mais derrière les paillettes de l'argent et de l'esprit se cache un secret inavouable qu'il est sur le point de découvrir et de regretter.

Tout dans ce livre est au service de l'atmosphère. Comment elle enveloppe le lecteur à mesure que les pages sont tournées. L'attention est accaparée, on retient son souffle, le stress s'élève à mesure que le secret se transforme en fardeau insupportable. D'abord envieux du petit groupe, désireux de se glisser au sein de cette alliance de l'intelligence et d'une vie facile, on verse progressivement dans le malaise face à ce qui apparaît comme un enchaînement implacable d'événements.

Les personnes qui attendent de l'action risquent d'être déçues voire ennuyées par ce pavé de 700 pages, les autres accueilleront la dernière avec soulagement pour la tension et un désir impérieux d'entamer un nouveau roman de Donna Tartt.