mercredi 12 septembre 2007

Musique - Whatever and ever Amen (1997), by Ben Folds Five

Comme son nom l'indique si bien, Ben Folds Five est composé de... 3 musiciens: Ben Folds au piano et au chant, Darren Jessee à la batterie et Robert Sledge à la basse.
Fondé en 1994, ils se séparèrent en 2000 pour suivre chacun une carrière solo. Mais dans cet intervalle sont nés 4 albums dont le fabuleux Whatever and ever Amen!

La formation mêle adroitement un jazz précis et stylé à une pop entraînante et débridée. Les chansons alternent sans heurt surréalisme et mélancolie. Parmi elles, l'une vous fera probablement hurler à tue-tête "And don't forget.... to give me back my black T-shirt... You bitch!" (Song For The Dumped) et d'autres vous ferons frissonner (Brick, Smoke...).

En somme, voici un album complet qui saura vous accompagner dans les moments de bonheur, comme dans les heures plus sombres, et qui ne quittera probablement pas votre platine avant plusieurs jours!

dimanche 2 septembre 2007

Film - Savrseni krug (1997), by Ademir Kenovic

Il est des films qui marquent par la dureté de leur sujet et la simplicité de leur traitement; Savrseni krug fait partie de ceux-là.

Ce film nous plonge dans l'atmosphère de la guerre en ex-yougoslavie, et plus particulièrement à Sarajevo où les affrontements entre bosniaques, serbes et croates font rage. C'est dans ce contexte trouble que le chemin de deux enfants, Adis et Kerim, ayant échappé au massacre de leur famille, va croiser celui d'Hamza, un poète bosniaque dont la femme et la fille viennent de quitter la ville pour fuir les affrontements.

A mesure que l'histoire se déroule, et que nous nous retrouvons plongés en plein centre du conflit, parmi les décombres, les snipers et les balles perdues, nous oscillons entre le cercle vertueux de la complicité naissante, et le cercle vicieux de cette guerre fratricide qui n'appelle qu'à la vengeance froide, irréfléchie et instinctivement animale.

En fin de compte, la question n'est plus de savoir ce qui nous fait prendre les armes mais ce qui nous retient...

Livre - Théâtre * (1999), by Eric-Emmanuel Schmitt

"Freud: Dieu, c'est un cri, c'est une révolte de la carcasse!"

"L'Inconnu: Et il y aura d'autres pestes, mais à l'origine de toutes ces pestes, le même virus, celui même qui t'empêche de croire en moi: l'orgueil! Jamais l'orgueil humain n'aura été si loin. Il fut un temps où l'orgueil humain se contentait de défier Dieu; aujourd'hui, il le remplace."

"L'Inconnu: J'ai fait l'homme libre.
Freud: Libre pour le mal!
L'Inconnu: Libre pour le bien comme pour le mal, sinon la liberté n'est rien."

"L'Inconnu: Le docteur Freud me trouve puéril. On est toujours puéril lorsqu'on s'émerveille de la vie."

--- Eric-Emmanuel Schmitt - Le Visiteur

Eric-Emmanuel Schmitt regroupe ici quatre pièces en prose, toutes plus poignantes les unes que les autres. Les thèmes évoqués sont multiples: l'amour, l'homosexualité, le sida, l'existence de Dieu, les différentes facettes du Mal, ... mais chacune se voit offrir un écrin à sa hauteur.

La nuit de Valognes (1991), sa première pièce, n'en est pas moins un texte poignant faisant voler en éclat le mythe de Don Juan avec maîtrise, verve et intelligence.
Le Visiteur (1993) pousse le lecteur, à travers Sigmund Freud, à se poser la question de l'existence de Dieu et s'amuse à le/nous faire douter.
Le Bâillon est un court monologue traitant de l'homosexualité, du SIDA et de l'accompagnement dans la mort
L'école du Diable (1996), écrite pour une soirée d'Amnesty International, dénonce les nouveaux masques qu'emprunte le Mal à notre époque.

La plume d'Eric-Emmanuel Schmitt impressionne par sa brillance, sa liberté de ton et la finesse avec laquelle les sujets les plus sensibles sont abordés, sans didactisme ni prétention.
Les répliques sont rythmées, parfois humoristiques, parfois acerbes, mais toujours pleines de réflexion. Voilà un livre et un théâtre qu'il est bon de connaître.

mardi 14 août 2007

Livre - Russian disco (2002), by Wladimir Kaminer

Le sous-titre de ce livre donne une bonne idée de son contenu:
"Tales of everyday lunacy on the streets of Berlin"

Si vous connaissez bien Berlin, vous ne vous sentirez pas dépaysé et la ballade n'en sera que plus savoureuse, mais si c'est le cas, vous devez forcément connaître Wladimir Kaminer et ses fameuses Russian Disco.
Pour les autres, bouclez votre ceinture et attendez vous à ne plus lâcher ce livre, avec en prime, l'insigne honneur d'ennuyer toute personne assise à côté de vous, à rire trop fort et à vouloir absolument leurs lire un passage irrésistible!

Mais tout d'abord qui est Wladimir Kaminer?
En 1990, ce jeune russo-juif décide avec un ami de prendre un avion pour Berlin à la recherche du bonheur... et de l'allemand qu'il ne parle pas encore.
Ce qu'il découvre alors, embué de son regard d'étranger, est le contenu même de ce livre où la fiction se mêle au réel sans qu'il soit possible, ni même souhaitable d'en dresser la frontière.

Toutes les histoires, de l'allemand apprenant le russe au moyen d'une émission pour enfant et appelant de ce fait tout le monde "mon petit ami", à sa femme à l'examen du permis de conduire, en passant par tous les problèmes rencontrés pour s'intégrer dans un pays qu'il ne connait pas, sont hilarantes! Le seul mal que ce livre va vous faire, sera aux zygomatiques.

lundi 13 août 2007

Film - Annie Hall (1977), by Woody Allen

"- Doc, my brother's crazy, he thinks he's a chicken!
- Why wouldn't you turn him in?
- I would... but I need the eggs!
- I guess that's pretty much now how I feel about relationships. they are totally irrational and crazy and absurd but I guess we keep going through it because most of us need the eggs..."

--- Woody Allen - Annie Hall

Annie Hall dépeint la genèse et la mort d'une histoire d'amour entre Alvy Singer (Woody Allen) névrotique à souhait, et Annie Hall (Diane Keaton) charmante dans son rôle de femme passant de l'introversion à l'extraversion et perdant Alvy dans le processus.

Ce film est excellent car il contient tout les ingrédients des grandes comédies de Woody Allen, il est ponctué de nombreuses répliques humoristiques ou acerbes, l'art et la maîtrise qu'il déploit pour donner vie à des personnages névrosés, pessimistes, paranoïaques et malgré tout attachants prend toute sa dimension ici.
Mais il va même plus loin, en mettant ces ingrédients au service d'une réflexion sur l'amour dans le couple, comment il évolue et comment une histoire peut se déliter.

En fin de compte, la comédie prend des saveurs de fable initiatique et c'est avec plaisir qu'on se laisse conter ce qui reste malgré toutes les déconvenues, une belle histoire.

Musique - That horse must be starving (2002), by Avril

Avril signe ici un album finement ouvragé. D'un abord simple mais pas simpliste, les premières chansons, mélangent savamment les accents pop et électro pour offrir un véritable tableau pointilliste. Chaque réécoute est une nouvelle écoute à part entière, tant les arrangements se découvrent progressivement.

Cet album est tour à tour planant, entraînant, mélancolique... il y en a pour tous les goûts. Même l'humour noir a su trouver sa place dans cette incroyable fable amoureuse entre une femme et son homme tueur à gage:

"Well don't even think of it
You know what I would do
You would get what's due to you...

(bruits de couteau qu'on aiguise...)
What you deserve like everybody else.
You saw what happened when that German misbehaved.
You might think that I'm depraved.
But I dare to you what others only dream.
Ok, say that again, it really turns me on,
That is how my heart was won,
By you and not by anybody else."

--- Avril, Like everybody else

Un album que vous ne retirerez pas facilement de votre platine!

Livre - Une pièce montée (2006), by Blandine Le Callet

Le mariage, cette grande institution dont le seul nom évoque "robe blanche", "riz", "sourire" et "petits fours", est souvent également synonyme de "convention", "protocole" et "passage obligé", pour les mariés bien sûr, mais également pour les invités.
  • Personnes invitées car "bien obligé"...
  • Personnes invitées qui viennent car "bien obligé"...
  • Personnes qui ne doivent pas se croiser mais invitées tout de même car "bien obligé"...
Le mariage c'est aussi ça: un jeu de dupes entre les convives qui se retrouvent, s'évitent, socialisent et ironisent dans la valse endiablée des événements, des interventions et des plats. Et c'est cela que Blandine Le Callet relate alors que la narration se voit menée tour à tour, par un des acteurs du mariage: demoiselle d'honneur, prêtre, soeur, mari, épouse, grand-mère, ... Chacun offre son expérience du mariage de Bérangère et Vincent, le lecteur se faisant petit à petit une représentation complète depuis leur rencontre jusqu'à la fin de soirée.

Les vignettes qui en découlent sont pleines d'humour (parfois acerbe ou noir) et de mélancolie. Aucun couple n'est parfait malgré l'image que s'en font les autres; des fêlures existent, certaines plus profondes que d'autres.

Le mariage ne se déparre pas de sa superbe comme cela, la preuve tout le monde y songe et beaucoup en rêve encore. Ce livre, par son propos, malmène voire égratigne l'image d'Epinal... Mais peut-être n'est ce là qu'une mise en garde d'une grande soeur qui ne voudrait pas voir les suivants tomber dans les mêmes ornières...

vendredi 10 août 2007

Musique - Así duele un verano (1998), by Migala

Je ne vais pas mentir, j'ai craqué pour cet album à l'écoute de la chanson Gurb Song. Je sais qu'une courte citation est toujours plus parlante qu'une longue, mais ici je ne peux pas faire autrement que mettre la chanson en entier. Parfois, il est bon de prendre son temps, d'offrir un peu d'espace à l'histoire lue, qu'elle puisse se développer correctement et ainsi exprimer tout son charme. D'autre part Gurb Song est probablement LA chanson dépeignant au mieux le titre de l'album: Voilà comment un été blesse...

Pour bien rentrer dans l'atmosphère, il faut s'imaginer ces paroles narrées par une voix espagnole, habillée d'un couple de guitares électro-acoustiques, d'un orgue et d'une légère batterie.
Mais ne vous méprenez pas sur ce commentaire, le reste de l'album est très bon, c'est juste que mes coups de coeur ont tendance à être très exclusifs...

"I wanted someone to enter my life like a bird that comes into a kitchen and starts breaking things and crashes with doors and windows leaving chaos and destruction.
This is why I accepted her kisses as someone who has been given a leaflet at the subway.
I knew, don't ask me why or how, that we were gonna share even our toothpaste.
We got to know each other by caressing each other's scars, avoiding getting too close to know too much.
We wanted happiness to be like a virus that reaches every place in a sick body.
I turned my home into a water bed and her breasts into dark sand castles.
She gave me her metaphors, her bottles of gin and her North Africa stamp collection.
At night we would talk in dreams, back to back and we would always, always, agree.
The sheets were so much like our skin that we stopped going to work.
Love became a strong big man with us, terribly handy, a proper liar, with big eyes and red lips.
She made me feel brand new.
I watch her get fucked up, lose touch, we listened to Nick Drake in her tape recorder and she told me she was a writer.
I read her book in two and a half hours and cried all the way through as watching Bambi.

She told me that when I think she has loved me all she could, she was gonna love me a little bit more.
My ego and her cynicism got on really well and we would say "what would you do in case I died" or "what if I had AIDS?" or "don't you like the Smiths" or "let's shag now".
We left our fingerprints all around my room, breakfast was automatically made, and if it would come to bed in a trolley, no hands.
We did compete to see who would have the best orgasms, the nicer visions, the biggest hangovers.
And if she came pregnant we decided it would be God hand's fault.

The world was our oyster.
Life was life.

But then she had to go back to London, to see her boyfriend and her family and her best friends and her pet called "Gus".
And without her I've been a mess.
I've painted my nails black and got my hair cut.
I open my pictures collection and our past can be limitless and I know the process is to slice each section of my story thinner and thinner until I'm left only with her.
I've felt like shit all the time no matter who I kiss or how charming I try to be with my new birds.
This is the point, isn't it?
New birds that will project me along a wire from the underground into the air, into the world."

mardi 7 août 2007

Film - Hotaru no haka (1988), by Isao Takahata

"21 septembre 1945... ce fut la nuit de ma mort."

Il ne s'agit pas d'un film à proprement parler, mais d'un anime, comme l'image pouvait le laisser entendre.

Hotaru no haka (Le tombeau des lucioles) relate l'histoire de Seita, un garçon de 14 ans et de Setsuko, sa petite soeur de 4 ans, dont les parents sont morts lors d'une offensive américaine pendant la seconde guerre mondiale. Mais il ne s'agit là que du cadre, le thème central est la lutte pour survivre de deux enfants, livrés à eux-même, confrontés à la malnutrition et à l'indifférence générale.

Nous savons, dès la première phrase, que la fin sera tragique, mais à mesure que l'histoire avance, on comprend bien vite que le plus important tient dans l'enchaînement des événements. On se prend à espérer une âme charitable, un Deus ex machina quelconque... Ces enfants sont trop attendrissants, trop débrouillard, trop jeunes, trop... seuls!

Ce film, au dessin léché et à l'animation fluide, est poignant par la justesse des sentiments dépeints et la dureté de son propos. C'est un passage quasi obligé pour comprendre et apprécier toute la poésie de l'animation japonaise qui ne tient pas qu'à des monstres à tentacules et des robots à la conquête de l'univers!

dimanche 5 août 2007

Musique - Spirit of Eden (1997), by Talk Talk

Pour beaucoup, Talk Talk fait partie de ces groupes dont le nom est familier mais dont les chansons le sont moins. Il fut un temps ou c'était vrai pour moi aussi... jusqu'au jour où j'ai "vu la lumière"!

Elle s'appelait The Rainbow et m'est apparue sous les traits de 23 minutes et 11 secondes de pur bonheur acoustique. Les notes de trompette, de guitare et de piano s'égrenaient langoureusement pour former un écrin à la voix de Mark Hollis; une voix fragile, délicate, pleine d'une émotion nue que l'on trouve rarement de façon aussi poignante. La batterie rythmait mes battements de coeur et lorsque l'harmonica saturé prit le contrôle, c'est avec bonheur que je perdis le mien.

Cette danse, ce tango devrais-je dire par la tension des sentiments en jeu, se répéta encore et encore tout au long de la chanson, et une fois terminée je n'eus d'autre choix que de la rejouer, appuyer sur la touche repeat de mon lecteur et m'allonger sur mon lit.
Je passais le reste de mon après-midi ainsi, mi somnolant, mi rêveur, bercé, caressé, ému et remplit d'une énergie contenue tout à la fois.

Cet album de six chansons ne quitta plus mes oreilles pendant les deux mois qui suivirent. Je l'écoutais pour lire, pour m'endormir, pour me réveiller en douceur, pour m'isoler du monde environnant, ... Talk Talk était devenu, en l'espace d'un instant, un de mes groupes fétiches.

Sans fioriture, sans grands arrangements, cet album vise juste. Ou peut-être est-ce tout simplement la magie de Mark Hollis car les mêmes sensations m'ont retrouvé à l'écoute de Laughing stock et de son album solo éponyme.

samedi 4 août 2007

Misc - Volonté de ce blog

La volonté de ce blog est de faire part de mes découvertes en terme de livres, films et albums, et si possible de vous donner envie de m'emboîter le pas. Si vous rebondissez et me proposez en retour vos propres découvertes, c'est encore mieux.
A terme, j'aimerais offrir un panel des choses intéressantes (à mon sens) à piocher dans une année ou une décennie donnée.

Ce que ce blog n'est pas, c'est un point d'entrée pour acheter ces mêmes découvertes, d'autres acteurs le font mieux que moi: amazon.com, fnac.com, virgin.com, votre bouquiniste/cédéthèque/cinémathèque préféré... pour ne citer que les plus évidents. D'autre part, les livres, par exemple, paraissent chez plusieurs éditeurs et je ne veux en privilégier aucun.
C'est pourquoi je ne donne que les titres, les auteurs et les dates de parution, à vous de faire le reste du travail! D'autant que ce qui m'a plu ne sera pas forcément à votre goût. Un petit détour par Google, en quête d'une édition ou d'un ISBN, pourra donc vous permettre d'avoir l'avis d'autres internautes avant de faire une dépense.

Le seul bémol que je peux apporter concerne les jeunes auteurs/artistes qui ne répondraient pas à une recherche simple sur Internet. A ce moment, je m'efforcerai de mettre les informations nécessaires pour que vous puissiez les retrouver au plus vite et leurs apporter votre soutien. Si vous êtes l'un d'eux, n'hésitez pas à me contacter!

Enfin, je considère que l'âme d'un blog tient à ses lecteurs et à leurs commentaires mais il m'est arrivé trop souvent de voir des commentaires intéressants, noyés sous le flot d'autres bien moins pertinents. C'est pourquoi ma démarche est assez simple:
  • s'il s'agit d'une analyse intéressante d'un blogger, je la laisserai.
  • s'il s'agit d'une demande de clarification, je modifierai ma post en conséquence et supprimerai le commentaire (dans une optique de clarification, cela n'est en rien personnel et ne doit pas vous retenir de refaire un commentaire!).
  • s'il s'agit d'un message sans rapport avec la post, je le supprimerai.

vendredi 3 août 2007

Livre - House of leaves (2000), by Mark Z. Danielewski

House of leaves, c'est avant tout une naissance underground. Des chapitres écrits et mis en ligne les uns après les autres sur plusieurs années, et la formation d'une véritable communauté autour d'une oeuvre atypique rentrant de plain-pied dans la catégorie dite littérature ergodique.

Certains livres ont une histoire compliquée, une profusion de personnages, ou de lieux... Rien de tout cela ici, la difficulté est ailleurs. L'action de House of leaves prend place essentiellement dans une maison et seuls trois personnages ont un rôle prépondérant dans l'intrigue: Will Navidson, Zampanò et Johnny Errand.
  • Le premier est un reporter photo filmant l'installation dans sa nouvelle maison, film intitulé le Navidson record
  • le second est l'homme qui écrivit un essai sur le film
  • le dernier est celui qui trouva l'essai et commença à l'étudier
L'originalité du livre tient tout d'abord à sa mise en page: à chaque personnage, une écriture différente, le mot house apparaît systématiquement en bleu (ou en gris pour les éditions noir et blanc), et des notes de bas de page (possédant parfois leurs propres notes de bas de page et ainsi de suite) viennent compléter les informations mises à notre disposition.

Le pas suivant nous amène à considérer qu'une partie de la maison change de taille et de forme, jusqu'à défier les lois même de la logique et de la physique; la maison pouvant être plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur.

Cette facette est alors répercutée sur le texte même du livre, prenant la forme des couloirs que l'on emprunte, des salles que l'on traverse ou des escaliers que l'on gravit, faisant naître chez le lecteur des sentiments de claustrophobie ou d'agoraphobie. Après quelques pa(ge)s, tous ces éléments entremêlés nous font plonger au coeur du livre, de la maison...

Le triptyque offert n'est qu'une mise en abîme de notre état d'esprit à la lecture du livre. D'abord interloqué par les changements de forme de la maison, on désire en faire une visite exhaustive [Will Navidson]. Vient ensuite le moment de doute face à un film qui pourrait tout à fait n'être qu'un montage destiné à offrir le scoop parfait [Zampanò]. La folie fait alors son entrée car Johnny Errand (et nous avec lui) louvoie entre croire en refuser l'impossible et finit par perdre pied.

Son approche déconcertante et ses ressorts stylistiques vous déstabiliseront certainement, vous aimerez ou non, mais une chose est certaine, ce livre ne vous laissera pas insensible!

jeudi 2 août 2007

Livre - The secret history (1992), by Donna Tartt

Avez-vous déjà eu un professeur que vous "vénériez"? Le prof qui pouvait répondre à toutes vos questions, qui inspirait confiance par un simple regard, qui vous traitait en égal tout en imposant le respect? Celui qui se révélait un guide et un défricheur de vos esprits trop étriqués par une pensée unique. Un "Oh Captain, My Captain" prêt à vous faire hurler un "Yawp" tonitruant.

Dans The Secret History, un groupe soudé et fermé de cinq étudiants se retrouvent autour d'un professeur de grec et latin charismatique. Il n'a pas d'autre élève, ils n'ont pas d'autre professeur, réveillant par là même l'intérêt de Richard Papen. Suite à quelques rebondissements, le narrateur réussit à rejoindre cette "élite", mais derrière les paillettes de l'argent et de l'esprit se cache un secret inavouable qu'il est sur le point de découvrir et de regretter.

Tout dans ce livre est au service de l'atmosphère. Comment elle enveloppe le lecteur à mesure que les pages sont tournées. L'attention est accaparée, on retient son souffle, le stress s'élève à mesure que le secret se transforme en fardeau insupportable. D'abord envieux du petit groupe, désireux de se glisser au sein de cette alliance de l'intelligence et d'une vie facile, on verse progressivement dans le malaise face à ce qui apparaît comme un enchaînement implacable d'événements.

Les personnes qui attendent de l'action risquent d'être déçues voire ennuyées par ce pavé de 700 pages, les autres accueilleront la dernière avec soulagement pour la tension et un désir impérieux d'entamer un nouveau roman de Donna Tartt.

lundi 30 juillet 2007

Film - Irma la Douce (1963), by Billy Wilder

Ahhh Paris! Ville de l'amour et du romantisme... Ville où s'encanailler aussi. Ses "poules", ses "guys", ses policiers "compréhensifs"... et Irma La Douce! La mécanique tourne sans heurt.

C'était sans compter Nestor Patou, nouveau policier incorruptible et incorrigible! Par le jeu des événements, celui-ci devient bientôt le mac d'Irma. Mais son intégrité ne peut souffrir qu'elle l'entretienne. Il lui faut donc trouver un travail de nuit pour qu'Irma n'en sache rien et se déguiser en riche lord anglais le jour, payant grassement de simples parties de cartes avec elle pour l'empêcher d'avoir d'autres clients...

Voilà une sympathique comédie américaine dans le Paris carte postal, où la gouaille du personnage de Shirley MacLaine s'allie au comique irrésistible d'un Jack Lemmon complètement dépassé par la situation et son amour.

vendredi 27 juillet 2007

Musique - Prophesy (2001), by Nitin Sawhney

Avant de véritablement débuter le week-end, voici un album que j'ai particulièrement écouté à la lecture du livre de Sarah Kane. D'une certaine manière, les deux ambiances surent se compléter. Les chansons n'ont rien de triste ou de déprimant, juste une douce mélancolie.

Dans cet album, Nitin Sawhney réussit à mêler voix aériennes et orchestrations légères, influences indiennes et guitares flamenco, drum & bass et sonorités électroniques... Il s'agit d'un album protéiforme car résolument tourné vers les mariages, parfois inattendus, entre plusieurs courants de world music, une formation classique que l'on sent sourdre et des expérimentations électro maîtrisées. Les voix y trouvent une place prépondérante car les résonances portugaises, indiennes, anglaises se mêlent, s'entremêlent et se démêlent en un ballet incessant de trip-hop, de rap, de slam, ... Ces volutes sonores vous feront rapidement perdre pied et décoller pour votre plus grand plaisir!

Livre - Complete plays (1995-2000), by Sarah Kane

"Have you made any plans?
Take an overdose, slash my wrists then hang myself.
All those things together?
It couldn't possibly be misconstrued as a cry for help."
--- Sarah Kane - 4.48 Psychosis

Au travers de six pièces (Blasted (1995), Phaedra's love (1996), Cleansed (1998), Crave (1998), 4.48 Psychosis (2000) et Skin (1997)), Sarah Kane nous invite, ou plutôt nous entraîne, dans une découverte de son monde intérieur; une sorte d'antithèse de Finding Neverland!
La couverture du livre est une photographie de James Nachtwey et je pense que rares sont les photographies qui auraient pu véhiculer une vision plus pertinente de ce que nous sommes sur le point de découvrir.


William Shakespeare choqua son siècle en faisant "mourir" les personnages sur scène; Sarah Kane nous choque à force de démantibuler, pièce après pièce, chacun de ses personnages, corps comme esprit! Je n'ai rien lu d'aussi douloureux.

Les personnages se détestent, parfois détestent les autres, et échouent (?) dans leur quête d'un sens au monde qui les entoure. Ils se blessent à coups d'oeils, de mots, de sexe, ... tout devient arme et personne n'est épargné.

La lecture chronologique des pièces fait ressortir une annulation progressive de l'acteur ou du rôle en temps que partie identifiable:
  • dans Blasted, les personnages ont un prénom ou un qualificatif: Ian, Cate, Le Soldat
  • dans Crave, ils sont nommés 'A', 'B', 'C' et 'M', mais à mesure que l'on avance, ces quatre rôles s'entrecroisent jusqu'à faire penser que 'A' et 'M' sont une seule et même personne, de même que 'B' et 'C', à moins qu'il ne s'agisse que d'un seul esprit schizophrène...
  • dans 4.48 Psychosis, plus aucun personnage n'est défini.
Ceci amène un travail énorme et une interprétation forcément subjective des metteurs en scène et des acteurs désireux de relever le défi. Allez donc voir les différentes adaptations, elles se révèleront toujours être un nouvel axe de lecture de l'oeuvre de Sarah Kane.

Même si elle s'est grandement inspirée de son état (psychotique, dépressive et sa tendance borderline l'a conduite au suicide), je vous invite à suivre le conseil de David Greig (auteur de la très intéressante préface de ce livre):

"To read these plays for what they tell us about their author is, to my mind, a pointlessly forensic act.
The work's true completion comes when the plays are read for what they tell us about ourselves."

jeudi 26 juillet 2007

Livre - Americana (1971), by Don DeLillo

Aller, je me lance, voici un n-ième blog sur les livres, la musique et les films...
Après tout, c'est un sujet assez vaste pour que tout le monde y trouve son compte!
D'entrée de jeu, je vais commencer par tricher en m'inspirant des entrées faites à une autre époque sur un autre site (DeviantArt pour ne pas le citer!). J'espère ainsi bénéficier de ce gain de temps pour ne pas être en retard sur des posts que je voudrais hebdomadaires...

Americana n'est pas une histoire! Don DeLillo se sert simplement de cette excuse pour ciseler des personnages excentriques, barrés et attachants.

Prenez un homme accompli dans son travail, blasé et ennuyé par la vie qu'il mène au point de passer le plus clair de son temps à faire des colliers de trombones et tester sa secrétaire dans des jeux de pouvoir. Insufflez lui le désir d'une nouvelle crise d'adolescence et mettez lui dans les mains une petite caméra. Le voilà qui s'entoure d'un alcoolique, d'un vétéran du Vietnam et d'une sculpteuse, tous un peu perdu, un peu curieux, et surtout désireux "d'autre chose".

Vous obtenez Americana, ou le roman photo, façon super 8 d'un apprenti cinéaste à la recherche d'un sujet à filmer dans une Amérique "profonde". Le ton est parfois sépia, parfois Technicolor, mais fait toujours mouche. Pour moi, Don DeLillo est avant tout un sculpteur de personnages, le monde dans lequel ils évoluent est secondaire.